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Publié le 4 décembre 2024

Air

Ces dernières années, la pollution de l’air causée par l’agriculture a régulièrement fait les gros titres dans la presse. Il s’agit notamment des émissions d’ammoniac, qui restent à un niveau élevé et persistant malgré les efforts considérables déployés, et des émissions olfactives liées à l’élevage d’animaux ou aux installations de biogaz, sans oublier la suie de diesel rejetée par les tracteurs, qui contribue également à la pollution atmosphérique.

Un tracteur équipé d'un pendillard.

L’ammoniac (NH₃)

L'ammoniac (NH3) est un composé azoté volatil qui se forme au moment de la décomposition des protéines ou de l'urine présentes dans les déjections des animaux de rente. La volatilisation de l'ammoniac a en moyenne privé l'agriculture suisse d'environ 41’500 t d'azote par an en 2022, soit des déperditions moyennes de 40 kg d'azote par ha de surface agricole utile. Une partie de cet azote est transporté dans des biotopes sensibles, comme les forêts ou les prairies maigres, où il provoque une fertilisation excessive qui modifie les écosystèmes et porte, en particulier, atteinte à la biodiversité.

Les émissions d'ammoniac issues de l'agriculture, calculées avec le modèle de simulation Agrammon de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), ont reculé de 22 % dans toute la Suisse entre 1990 et 2020. Elles n'en restent pas moins à un niveau élevé depuis 2000. En 2020, 77 % des émissions d'ammoniac provenaient de l'élevage bovin et 15 % de l'élevage porcin. Les pertes dues à l'élevage de volaille jouent un rôle moins important de par leur faible pourcentage (5 %).

Si l’on regarde l’évolution dans la production animale entre 1990 et 2020, les émissions provenant des bovins ont baissé de 16% et celles des porcs de 49%. Durant la même période, les émissions provenant des volailles ont augmenté de 32% et celles des autres animaux de rente de 27%. Les émissions provenant des pâturages et celles issues de la stabulation et des parcours extérieurs ont quant à elles augmenté respectivement de 85 % et de 19 % contrairement à celles découlant du stockage des engrais de ferme et de l’épandage qui ont respectivement diminué de 17% et 41%.

L’évolution des rejets de la production animale s’explique en grande partie par l’évolution des cheptels et les modifications des techniques de production. L’augmentation des stabulations libres chez les bovins et des étables à aires multiples et parcours extérieurs dans l’élevage porcin, qui ont une surface émettrice plus élevée que les systèmes habituels précédents, ont induit une hausse des émissions. La diminution du nombre de bovins et de porcs de 18 % et 28 %, qui a surtout eu lieu entre 1990 et 2000, ainsi qu’un recours plus fréquent au pâturage et aux techniques d’épandage de lisier pauvres en émissions, ont entrainé un recul de ces dernières. Les facteurs d’augmentation ou de réduction se sont en grande partie annulés durant cette période, notamment à partir de l’année 2000. En l’absence de mesures de réduction, les rejets de NH3 de l’agriculture auraient encore augmenté ces dernières années.

Malgré les mesures obligatoires introduites pour réduire les émissions, couverture des installations de stockage du lisier et des produits méthanisés liquides et techniques d’épandage qui limitent les émissions comme les pendillards, il est indispensable de poursuivre les efforts de réduction des émissions pour atteindre l'objectif environnemental pour l’agriculture à long terme de 25 000 t NH3-N par année

Les odeurs

Les odeurs d'origine agricole constituent un problème à proximité des zones habitées. Alors que jusqu'à présent, les riverains étaient surtout incommodés par les odeurs provenant des porcheries et des poulaillers, ce sujet revient sur le devant de la scène avec la multiplication des installations de biogaz agricoles.

Les porcs dans les porcheries. Les porcheries sont des sources d'odeurs agricoles qui posent problème lorsqu'elles sont situées à proximité de zones d'habitation. Il convient donc de prendre des mesures visant à réduire les émissions d'odeurs.

Hormis le nez, il n'existe actuellement aucun moyen de mesurer les émissions d'odeurs. Pour cette raison, il n'est pas possible de fixer des valeurs limites d'immissions pour les odeurs. La loi sur la protection de l'environnement et l'ordonnance sur la protection de l'air (OPair) qui en découle prévoient un système en deux étapes pour protéger la population contre les nuisances olfactives excessives. Dans la première étape, les émissions sont réduites préventivement dans la mesure où cela est techniquement et opérationnellement possible et économiquement supportable. C'est pourquoi l'état de la technique doit être respecté lors de la construction d'installations et des distances minimales par rapport aux zones habitées doivent être respectées. Si toutes les mesures préventives ne suffisent pas à empêcher les émissions d'odeurs excessives, les émissions doivent être limitées plus strictement au cours de la deuxième étape.

Le choix d'un site et la préparation de la planification sont d'autant plus importants qu'ils permettent d'éviter les conflits entre les exploitants d'installations et les riverains, ainsi que les coûts d'assainissement éventuellement élevés qui en résultent. Les recommandations pour la planification des transformations de bâtiments ou des nouvelles constructions ont été complétées et actualisées en 2023 (voir le document constructions rurales et protection de l’environnement).

La suie de diesel

La suie de diesel est produite par une combustion non homogène dans les moteurs et est rejetée avec les gaz d'échappement. Les fines particules de suie constituent une part importante des poussières fines qui, avec une taille de particules < 10 micromètres, pénètrent dans les poumons par inhalation et peuvent ensuite atteindre les voies lymphatiques et sanguines. La suie de diesel contient des composants cancérigènes et peut donc constituer un risque pour la santé humaine. Les filtres à particules sont une mesure extrêmement efficace pour réduire les émissions de suie de diesel. Ils réduisent les poussières fines et donc la suie de diesel dans les gaz d'échappement de 99%.

Un tracteur à moteur diesel. La suie de diesel produite par les tracteurs agricoles a un impact négatif sur la qualité de l’air. L’installation de filtre à particule permet de réduire la quantité de particules fines émises par ces véhicules.

A partir de 2002, c'est-à-dire avec l'entrée en vigueur des premières phases d'émission de l'UE, une nette diminution des émissions de particules fines s'est produite. En 2000, les engins de chantier produisaient encore des émissions similaires à celles des machines agricoles. En raison notamment de l'obligation de facto d'installer des filtres à particules (en vigueur à partir de 2009) pour les machines de chantier, réglée dans l'ordonnance sur la protection de l'air, les émissions de poussières fines émises par les machines de chantier ont diminué plus fortement que celles de l'agriculture.

Pour les prochaines années, on s'attend à ce que la quantité de poussières fines émises diminue, tant globalement que dans l'agriculture. Cela s'explique surtout par le fait qu'en Suisse, comme dans l'UE, les nouveaux moteurs de toutes les classes de puissance sont soumis au niveau V des émissions. Pour respecter les valeurs limites qui y sont liées, des filtres à particules sont nécessaires dans la plage de puissance de 19 kW à 560 kW. Cela a pour conséquence que les machines de la phase V importées en Suisse sont équipées de manière standard de filtres à particules.

Informations complémentaires

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Nom et formule structurelle du gaz hilarant (N2O), du nitrate (NO3), de l’ammoniac (NH3) et du phosphate (PO4) dans un champ de plantons.

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Les êtres humains, les animaux et les plantes ont besoin d’éléments fertilisants tels que l’azote et le phosphore. En agriculture, un approvisionnement suffisant en éléments fertilisants est une condition essentielle à la croissance des végétaux ou encore à la santé et à la productivité des animaux de rente. Toutefois, lorsque les pertes d’éléments fertilisants dans l’environnement dépassent le seuil critique des écosystèmes, elles entraînent des effets négatifs sur l’environnement. C’est pourquoi la Confédération a défini des objectifs de réduction des pertes et des mesures concrètes dans la trajectoire de réduction des éléments fertilisants.

Devant un champ de céréales, on peut voir quatre images représentant des zones de production agricole susceptibles d’émettre de l’ammoniac, des nitrates et du gaz hilarant. La première image montre des vaches en train de manger à l’étable ; leurs excréments entraînent des émissions d’ammoniac et de protoxyde d’azote dans l’étable et lors du stockage du purin. La deuxième image montre du maïs utilisé comme fourrage ; les aliments pour animaux sont la principale source d’azote dans l’agriculture. La troisième image montre un tracteur qui épand du lisier avec une rampe d’épandage à tuyaux flexibles ; cette machine permet de réduire les émissions d’ammoniac lors de l’épandage. La quatrième image montre une rangée de jeunes plants ; Dans la production végétale, le lessivage de l’azote du sol entraîne des émissions de nitrates dans les cours d’eau. Les formules chimiques du gaz hilarant (N2O), de l’ammoniac (NH3) et du nitrate (NO3) sont représentées à côté des images.

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Devant un champ de céréales, on voit trois extraits de domaines de la production agricole dans lesquels le phosphore joue un rôle : Le premier extrait montre des vaches mangeant à l'étable ; Le deuxième extrait montre du maïs utilisé comme fourrage ; Le fourrage est un apport de phosphore dans l'agriculture. Le troisième extrait montre une coupe transversale du sol ; Dans la production végétale, le lessivage du phosphore du sol entraîne des émissions de phosphates dans les eaux. La formule moléculaire du phosphore (NO4) est représentée à côté des coupes.

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